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Israël Vers la fin de l’agriculture collectiviste

Les kibboutz, structures qui ont forgé le modèle agricole israélien, laissent place à des fermes individuelles.

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L’un des symboles de l’État d’Israël et de sa production agricole est-il en péril ? Créé en 1909, le premier kibboutz connu était basé sur l’adhésion à un même mode de vie rural et collectiviste.

Ce modèle d’agriculture a été l’un des piliers de la création d’Israël, notamment pour son autonomie alimentaire et l’accueil des populations martyrisées de Pologne, Russie et Hongrie, après la Seconde Guerre mondiale. On en comptait plus de 700 en 1970, représentant près de 8 % de la population du pays et majoritaire dans les campagnes. Il en resterait aujourd’hui moins de trente à dominance agricole. Ces espaces collectifs ont dû au fur et à mesure se diversifier, voire évoluer dans d’autres secteurs d’activité.

Autonomie financière

Le kibboutz Yizreel, proche de Nazareth, a d’abord été spécialisé dans l’élevage et la production de fourrage, puis progressivement dans l’aviculture et les céréales. L’un de ses membres, Diva Weinbaum, âgée de 87 ans, se souvient. « Nous avons pu être autonomes financièrement jusqu’au début des années deux mille grâce à l’agriculture. »

Pour faire face à la chute des cours, les premiers réflexes ont été de se diversifier. « Nous avons créé une boulangerie, puis une fromagerie. Par économie, nous avons arrêté, en 2014, l’élevage de volailles, et la majorité des terres cultivées sont devenues des vergers pour les amandes. »

Cependant, les 600 membres d’Yizreel ont compris qu’ils ne pourraient pas subvenir à leurs besoins uniquement avec l’agriculture. Le salut est venu de la création de Maytronics, leader mondial de robots nettoyeurs de piscine, dont le siège social est dans le kibboutz. Quatre cents personnes y travaillent mais seulement une quarantaine y habitent. « C’est une évolution majeure en Israël car ils représentent aujourd’hui moins de 1 % de la population globale et deviennent infimes dans le monde agricole », relate Sivan Kokas, dont la mère a travaillé longtemps dans ce type d’exploitation.

Modèle européen

« Ces structures à la base agricole sont devenues des leaders industriels dont l’activité leur apporte 70 à 80 % de leurs revenus. Cela n’a plus rien à voir avec leurs fondamentaux. Beaucoup se sont diversifiés dans le tourisme et les services. » C’est véritablement la fin d’une époque. Quand ils restent agricoles, la plupart des kibboutz évoluent vers des fermes individuelles, appelées Moshav, qui achètent et vendent en commun, se rapprochant alors de nos modèles européens.

Christophe Dequidt

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